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samedi 23 avril 2022

Pierre CLOSTERMANN aux cotés des pilotes Argentins dans la guerre des MALOUINES " : 1982 notre Héros tombe en disgrâce chez les anglo-saxons"

         PRINTEMPS 1982 : la guerre des MALOUINES et Pierre CLOSTERMAN

                   long reportage dans PARIS MATCH : 10 décembre 1982

COMPRENDRE L'HISTOIRE EST UN DEVOIR DE PREMIÈRE NÉCESSITÉ



 https://pierre.clostermann.org/grand-cirque-malouines-clostermann-1/

autre source avec la lettre de Pierre aux pilotes Argentins : 

https://pierre.clostermann.org/guerre-des-malouines/ 

EXTRAIT d'une lettre adressée aux pilotes Argentins :

Traduction :

« A vous tous, les jeunes argentins compagnons pilotes de chasse, je tiens à exprimer toute mon admiration. À une électronique plus sophistiquée, aux missiles anti-aériens, aux cibles les plus dangereuses qui soit, c’est à dire les vaisseaux, vous avez fait front avec succès.

Malgré les conditions météorologiques les plus terribles qui puissent se rencontrer sur la planète, avec une réserve de seulement quelques minutes dans les réservoirs de naphte, à l’extrême limite de vos appareils, vous êtes partis au milieu de la tempête dans vos  » Mirage », vos « Etendard », vos « A-4 », vos « Pucara » aux cocardes « bleues et blanches ».

En dépit des dispositifs de défense anti-aérienne et des SAM des navires de guerre puissants, alertés très à l’avance par les AWACS et les satellites américains, vous avez attaqué sans vaciller.

Jamais dans l’histoire des guerres depuis 1914, les aviateurs ont dû faire face à une combinaison aussi terrifiante d’obstacles mortels, même pas ceux de la RAF sur Londres en 1940 ou ceux de la Luftwaffe en 1945.

Non seulement votre courage a ébloui le peuple argentin, mais nous sommes nombreux dans le monde à être fiers que vous soyez nos frères pilotes.

Aux pères et aux mères, aux frères et aux sœurs, aux épouses et aux enfants des pilotes argentins qui allèrent à la mort avec le courage le plus fantastique et le plus stupéfiant, je leur dis qu’ils honorent l’Argentine et le monde Latin.

Ah, la vérité ne vaut que par le sang versé et le monde ne croit qu’aux causes dont les témoins se font tuer pour elle ».

Colonel Pierre Clostermann
Armée de l’Air

EXTRAIT du contexte de la guerre 1982 1983 :

En 1982 les prétentions, injustifiées, de la couronne britannique sur ce territoire, bien loin de la chambre des communes, servit de justification politique au gouvernement Thatcher pour asseoir son autorité. On assista alors à un déferlement de contre-vérités et d’invectives à propos du peuple argentin, bien loin d’honorer les anglais. A décharge l’opinion publique britannique fut trompée par une présentation fallacieuse de l’histoire de cette région, ce qui eut pour conséquence une guerre durant laquelle 907 argentins et près de 300 anglais ont trouvés la mort.

Le héros du « Grand Cirque » navigua ainsi contre les vents des compte-rendus officiels, des grains de la presse et de l’opinion publique anglaise, entraînés par les discours d’une Margaret Thatcher inflexible et de son gouvernement, lesquels avaient ce mépris pour les peuples latins qu’ils considéraient comme des danseurs de Tango. A l’issu du conflit, durant lequel « le vieux lion y perdit bien des poils de sa crinière et aurait pu y laisser sa peau » – remporté par les anglais, Pierre Clostermann considérait que la victoire aérienne en revenait indiscutablement aux argentins.

Ses positions, dont le seul journal Paris Match accepta de publier un long article de sa plume intitulé « Le Grand Cirque des Malouines » (reproduit dans les pages suivantes) lui valurent des critiques cinglantes et le déni de ses anciens camarades Britanniques, dont certains allèrent même jusqu’à déclarer que Clostermann ne méritait ni ses victoires et encore moins ses deux DFC (Distinguished Flying Cross)

Je laisse à nouveau le lien vers le long reportage de PARIS MATCH du 10 décembre 1982

https://pierre.clostermann.org/grand-cirque-malouines-clostermann-1/

L'article se termine ainsi :

"Nous avons vu le matériel français, admirablement mené et servi par des pilotes de premier ordre, démontrer ses qualités de robustesse et d’efficacité et tout le reste, tout ce qui a été écrit dans la presse anglo-saxonne, n’est que de la littérature commerciale et intéressée. Puis-je conclure, comme dans le message d’amitié que j’avais adressé le 15 mai aux pilotes argentins, qui sont nos frères latins dans le plus français des pays d’Amérique du Sud : «  Les causes ne valent que par le sang versé et le monde ne croit plus qu’à la vérité des témoins qui se font tuer pour elle ».

signé : Pierre Clostermann"

VOILA pourquoi notre héros tomba en disgrâce. 

A contrario, j'estime que Pierre est doublement HEROS : "sacrifice ultime en 1982, il a osé publiquement se mettre aux côtés des plus faibles".......à méditer

vendredi 22 avril 2022

Pierre CLOSTERMANN "As de la chasse" période 1944 1945....un contemporain de Saint EXUPERY

 Pierre CLOSTERMANN : pilote de chasse "la terreur des Focke Wulf"

https://pierre.clostermann.org/chronologie/ Pierre "AS de la chasse" fût aussi un admirable dessinateur méconnu....oublié car jamais publié à ce jour ! https://pierre.clostermann.org/galerie/clostermann-dessins-avant-guerre/ EXTRAIT : 'Premier chasseur de France' Palmarès Pierre Clostermann est démobilisé en octobre 1945 avec un palmarès impressionnant : plus de 2 000 heures de vol, dont près de 600 en vol de guerre, homologuant 33 victoires aériennes et 5 probables. Il a de plus détruit au cours d’assauts en vol rasant, 225 camions, 72 locomotives, 5 tanks, 2 vedettes lance-torpilles, un sous-marin de 500 tonnes en coopération et une quantité considérable de matériel ennemi. Cela lui vaut d’être proclamé à l’ordre du jour par le Général de Gaulle : ‘Premier chasseur de France’. voir aussi : https://pierre.clostermann.org/

son plus bel avion ? un TEMPEST baptisé "le grand charles "



 
Toutes ces histoires héroïque glissent elles lentement vers l'oubli ?....
Je pense qu'il y a de l'ESPOIR ! Aucun TEMPEST équipé du fabuleux moteur 24 cylindres en H NAPIER SABRE n'est resté en état de voler, quelques passionnés remettent 2 moteurs en état et la cellule qui va avec !

CARACTERISTIQUES HALLUCINANTES DU TEMPEST :

https://fr.wikipedia.org/wiki/Hawker_Tempest

EXTRAIT :

Le Tempest avec le moteur Napier Sabre IIC offre des performances inégalées parmi l'inventaire des avions alliés de la Seconde Guerre mondiale1 :

  • À mille mètres avec deux réservoirs supplémentaires de 250 l chacun, à un tiers de sa puissance, c'est-à-dire 950 ch il atteint 540 km/h au badin, soit une vitesse réelle de 580 km/h.
  • En croisière rapide à demi-puissance (1 425 ch) sans réservoir supplémentaire, il atteint 640 km/h au badin, soit une vitesse réelle de 690 km/h.
  • Vitesse maximale en palier à 13 livres de boost à l'admission et 3850 tours : 735 à 745 km/h au badin, soit une vitesse réelle de 760 km/h à 5 000 mètres.
  • Aux deux altitudes de rétablissement, on frisait les 800 km/h.
  • En surpuissance (emergency) on peut monter la puissance à 3 000 ch et 4000 tours, la vitesse atteint près de 820 km/h. En piqué à 5 000 m, le Tempest atteint les 800 km/h. En survitesse, au cours de la guerre il est le seul appareil des alliés à atteindre une vitesse transsonique, soit 1 100 à 1 200 km/h.
  • Son rayon d'action militaire est de 800 km avec 1 800 l d'essence et quatre canons de 20 mm alimentés de 800 obus au total (soit une vingtaine de secondes de feu). Le rayon d'action peut atteindre 1 320 km à 337 km/h et 1 524 m d'altitude2.

RESTAURATIONS EN VUE ? OUI....MAIS

https://www.aerovfr.com/2020/01/le-retour-de-hawker-tempest-en-vol/

EXTRAIT :
Un Tempest V à l’horizon !
Dans le même temps, l’annonce audacieuse de remettre en vol trois Tempest dont un Mk V à moteur Napier Sabre suscite l’intérêt. Plusieurs projets de restauration en état de vol sont effectivement en cours. On peut citer celui de Kermit Weeks, qui en plus de travailler sur le Tempest II LA607, travaille également sur le Tempest V EJ693. Il faut également noter le projet du JN768, acquis en mars dernier par l’association Hawker Typhoon RB396 Preservation Group, également en train de travailler en priorité à la remise en état de vol d’un… Hawker Typhoon ! Ci-dessous, l’unique Hawker Typhoon exposé au RAF Museum à Hendon.
et :
Néanmoins, des épreuves avant de revoir en vol un Hawker Tempest V sont encore à traverser. En effet, si le Bristol Centaurus est un moteur déjà maîtrisé puisqu’il équipe certains Sea Fury encore en vol, le Napier Sabre – un 24-cylindres à chemises louvoyantes et à architecture en H – est une autre affaire. Ces moteurs capricieux, dont la puissance pouvait atteindre 3.000 ch en surpuissance, avaient une durée de fonctionnement limitée en temps de guerre entre 80 et 120 h et fonctionnaient à l’octane 130, carburant aujourd’hui difficilement disponible.
et :
De plus, le démarrage s’effectuait au moyen d’un dispositif à cartouche, appelé Dispositif Coffman, qui envoyait une impulsion générée par la cartouche dans un cylindre, ce qui avait pour effet d’entraîner le moteur. Ce dispositif, bien qu’efficace, reste hasardeux, et les cartouches de cordite sont aujourd’hui rares à trouver. Aucun moteur Napier Sabre ne tourne aujourd’hui. 

Beaucoup de choses sont à réapprendre sur ces technologies dont la conception remonte à 1935. On sait par contre que Kermit Weeks et Richard Grace travaillent ensemble pour remettre deux moteurs Sabre en marche.
leur site  :
https://vintageaviationecho.com/hawker-typhoon-rb396/
EXTRAIT :
une photo du TEMPEST au tout début de sa restructuration / restauration fin 2018 :




VOILA.....Pierre CLOSTERMANN : "observes tu toujours de la haut nos chers amis Anglais Kermit Weeks et Richard Grace...?"

"mais que se passe t il encore ?"  murmure Pierre
à 31 000pieds au dessus de la mer

Quelques V1 ?
quelques Focke wulf ? 
quelques Messerschmitt 262 troublent ils encore mon ciel d'azur ?....

"NON ! Pierre, toi et tes amis, vous les avez tous abattus ! ce n'est que le vent d'hier"

                   Et le vol peut continuer sereinement, l'avion et lui ne font qu'un

Le TEMPEST est ravit de son pilote : 
Pierre est un héros à jamais 
et puis quelque part outre MANCHE,
un destrier de légende, un cheval ailé 
se reconstruit lentement mais surement.
Le PILOTE pleure de joie, de soulagements, de souvenirs : nous sommes le 22 mars 2006 et le ciel est clair sur le pic du Canigou, il y a un grand silence 

ce jour là, "le moteur du TEMPEST vient de s'arrêter"
 
nous a t on raconté

mais schutt...ce n'est pas vrai.....

PS : j'ajoute le lien vers un très beau blog d'une journaliste racontant beaucoup de choses sur P. CLOSTERMANN : 

http://www.veroniquechemla.info/2012/06/pierre-clostermann-1921-2006.html

mardi 19 avril 2022

1939-1940 : le cabriolet DE SOTO d' Antoine de Saint EXUPERY .....roule toujours

 Fin 1939 début 1940, Antoine fut affecté à ORCONTE, il s'y rendit au volant d'une splendide voiture américaine : un gros cabriolet de marque DE SOTO. Bien après la guerre la voiture fut retrouvée, dépoussiérée, conservée, revendue, rénovée..... aujourd'hui elle existe toujours ! et elle roule 

https://www.lemagautoprestige.com/lhommage-depoquauto-a-antoine-de-saint-exupery/8985/

EXTRAIT de FIN 2019 :

L’hommage d’Epoqu’Auto à Antoine de Saint-Exupéry

Lors de sa 41e édition le mois passé, Epoqu’Auto a rendu hommage à Antoine de Saint-Exupéry. Aviateur et écrivain de légende, mais aussi amateur de voitures.

Les constructeurs de renom n’étaient pas seuls à l’honneur le mois passé à Epoqu’Auto. Le salon lyonnais de véhicules anciens a effectivement choisi de rendre hommage à Antoine de Saint-Exupéry. L’aviateur-écrivain né le 29 juin 1900 à Lyon et disparu en vol le 31 juillet 1944, lors d’une mission de guerre.

Pour lui rendre hommage, Epoqu’Auto a bien évidemment mis ses voitures en avant. Enfin sa voiture, une De Soto Cabriolet de 1937. La seule connue de « Saint-Ex » à ce jour. Un véhicule par ailleurs toujours en état de marche aujourd’hui. Et que l’auteur du Petit Prince aimait, paraît-il, pousser pied au plancher…


le N° 78 de la revue ICARE (publié à l'automne 1976) n'oublie pas cette légendaire voiture, en haut de page 40, Antoine y est effectivement en photo.... au volant de la "fougueuse miss" :


Antoine allait et venait au volant de son joli joujou, autour du terrain d'ORCONTE durant l'hivers 39-40


Dans ICARE N°78, les exploits d'Antoine, au volant de la belle DE SOTO, sur les routes verglacées de la région, sont unanimement & élégamment racontées par ses camardes de guerre.

3 exemples, 

en bas de la page 48, François LAUX évoque Saint EX :
Il conduisait sa puissante voiture non loin d'ORCONTE et avait le pieds tellement lourd que, quelque fois, il loupait l'embranchement conduisant au terrain....


bas de la page 65, le général Max GELEE résume un long trajet vers ISTRES en DE SOTO :




et en bas de la page 94, le colonel Henri ALIAS raconte ce jour ou Antoine - très distrait comme souvent - oublia ou il avait garé son joli cabriolet.....et, paniqué, il cru qu'on lui avait volé : que nenni... la miss DE SOTO n'avait pas décollé d'un pouce ! ouf !




La DE SOTO est la seule automobile connue, ayant appartenu à Antoine de Saint EXUPERY. Aujourd'hui, elle est la propriété de Franck BEJAT (région de LYON)

https://www.leprogres.fr/rhone-69-edition-lyon-metropole/2019/11/07/rhone-il-s-est-offert-la-voiture-de-l-auteur-du-petit-prince

EXTRAIT :

Trois voitures en échange

Franck Béjat est aussi un collectionneur. « En 1996, un garagiste de l’Ardèche est venu me parler de cette auto. C’est la seule voiture connue de Saint-Exupéry. À l’époque, j’en avais parlé à la famille, mais ils n’étaient pas intéressés, alors on avait laissé tomber » raconte Franck Béjat.

Quelques années plus tard, la voiture se rappelle à son bon souvenir. Un collectionneur de voitures anciennes de Dommartin l’appelle, il avait la DeSoto. « Je lui ai échangé contre trois voitures : une Delage de 1911, une Ford T de 1927 et une Rolls de 1933. Est-ce que c’était une folie ou une bonne affaire ? Je ne veux pas le savoir. C’est juste la voiture que je voulais », explique le passionné.

Déjà 3 000 km parcourus

L’objet de son désir est donc une DeSoto cabriolet de 1937. Une voiture de moyenne gamme pour son époque, surtout aux USA. Deux places dans l’auto, plus deux places dissimulées dans la malle arrière, plutôt pour des enfants. Un moteur de six cylindres et 160 CV, pour une voiture d’une tonne et six cents kilos. « Elle roule très bien, j’ai fait 3 000 kilomètres depuis que je l’ai. Mais quand je dois parcourir de longues distances, je la mets sur une remorque », explique son propriétaire.

Si Franck Béjat conduit sa DeSoto avec délicatesse, ce n’était pas le cas de son ancien et glorieux propriétaire. « Antoine de Saint-Exupéry aimait la vitesse. Dans le village de Saint-Maurice-de-Rémens, les anciens se souvenaient qu’il traversait les petites routes pied au plancher », raconte-t-il.


Antoine De Saint EXUPERY a tenu ce volant dans ses mains ! rendez vous compte !



 


et puis, dernier clin d'oeuil, dernière petite larme coupable de saint EXUPERY lui même concernant son puissant cabriolet DE SOTO : c'est à lire dans la célèbre lettre d'Antoine adressée au général X (1943 ? 44 ?)

EXTRAIT :

"Ceci est peut-être mélancolique, mais peut-être bien ne l’est-ce pas. C’est sans doute quand j’avais vingt ans que je me trompais. En Octobre 1940, de retour d’Afrique du Nord où le groupe 2 – 33 avait émigré, ma voiture étant remisée exsangue dans quelque garage poussiéreux, j’ai découvert la carriole et le cheval. Par elle l’herbe des chemins. Les moutons et les oliviers. Ces oliviers avaient un autre rôle que celui de battre la mesure derrière les vitres à 130 kms à l’heure. Ils se montraient dans leur rythme vrai qui est de lentement fabriquer des olives. Les moutons n’avaient pas pour fin exclusive de faire tomber la moyenne. Ils redevenaient vivants. Ils faisaient de vraies crottes et fabriquaient de la vraie laine. Et l’herbe aussi avait un sens puisqu’ils la broutaient.

Et je me suis senti revivre dans ce seul coin du monde où la poussière soit parfumée (je suis injuste, elle l’est en Grèce aussi comme en Provence). Et il m’a semblé que, toute ma vie, j’avais été un imbécile…

NDLR : dans le monde, je ne pense pas qu'il y ai voiture plus prestigieuse et plus mystique / mythique que la DE SOTO d'Antoine De Saint EXUPERY

mercredi 13 avril 2022

1978 : sublime interview de Silvia HAMILTON REINHARDT dans le N° 84 de la REVUE ICARE

Interview réalisé quelques mois après la vente dispersante (1976) d'une partie des magnifiques archives venant de Antoine De Saint EXUPERY. 

C'est la seule véritable publication que je connaisse de Silvia H. R. 

En 1978, Silvia HAMILTON REINHARDT avait 66 ans et habitait en Autriche.

nb: elle s'est éteinte en 1994 à Los Angeles

Elle donna un précieux et exclusif interview à la revue ICARE : l'article est agrémenté de plusieurs documents manuscrits originaux restés en sa possession après la vente de 1976.

 En voici quelques uns, photos à l'appui :

- la lettre beige date du début de leur idylle en mai 1942

- la très longue lettre bleue a été postée d' Afrique du nord peu avant la disparition d'Antoine

Voilà :

Au coeur du  N° 84 (1978) d'ICARE, laissons nous bercer par l'émotion de deux lettres manuscrites  écrites de la main d'Antoine pour  Silvia.

De nombreux autres souvenirs complètent l'interview : 

Par exemple Silvia se rappelle bien qu'Antoine faisait souvent des petits dessins pour mieux se faire comprendre :  Antoine ne parlait pas un mot d'Anglais et elle, Silvia, avouait qu'elle ne pratiquait qu'un Français tout à fait incertain.

Cela dit,un jour, Silvia se rappelle / témoigne qu'Antoine lui dessina deux planètes, l'une marquée FOX MGM, l'autre TERRE sur laquelle il s'était lui même représenté en pendu....un douloureux souvenir évoqué par Silvia en 1978 et qu'elle conservera encore longtemps = le dit dessin maintenant baptisé "autoportrait du petit prince pendu" ne sera rendu public qu'en 2020, soit 42 ans après l'interview D'ICARE. voir mon article : https://robiplan.blogspot.com/2021/12/antoine-de-saint-exupery-lautoportrait.html

Un regret toutefois : Sylvia ne mentionne pas le détail complet de ce qu'elle fit graver sur la gourmette en or qu'elle offrit à Antoine le jour d'avril 1943 ou ils se quittèrent définitivement.

Un précieux livre de chevet déniché il y a peu de temps chez un bouquiniste (le mythique N° 84 D'ICARE est définitivement épuisé depuis longtemps).

                                                                 EN CONCLUSION :

Le long interview de Sylvia HAMILTON REINHARDT nous donne un éclairage précis et précieux sur notre Antoine "dessinateur" du petit prince : 

En effet, Antoine  adorait communiquer sur tout...et rire de tout dans la vie quotidienne, il dessinait aussi, de temps à autre. A partir de mai 1942, et jusqu'en Avril 1943 le dessin devint une nécessité absolue dans la vie de tous les jours avec Sylvia et dans sa vie de toutes ses nuits avec ses écrits.

Sylvia nous éclaire très fort sur la boulimie de dessins qui s'était emparée de Saint EXUPERY durant leur 11 mois de vie commune.

S'il fallait encore le murmurer tendrement : "le petit prince doit une fière chandelle à Sylvia"

                                  "Notre petit prince volant doit une fière étoile à Sylvia"









Un an après l'idylle entre Antoine De Saint EXUPERY et Silvia HAMILTON REINHARDT (née HANDELSMAN), cette dernière se mariait avec le réalisateur de la FOX MGM Gottfried REINHARDT : les voici tous 2 saisis par l'objectif sur une très rare photo datant de 1947 (ou un peu avant )
Silvia avait alors 35 ans et Antoine avait disparu depuis 3 ans.

Source et Légende cette jolie photo : 


EXTRAIT :
photo privée :
Gottfried Reinhardt Photographe/auteur : Photo Ellinger, Salzbourg (actif de 1906 à 1947)
Personnage/personne : Gottfried Reinhardt (1913 Berlin - 1994 Los Angeles) - GND
Personnage/Personne : Silvia Handelsman (1912 - 1994)
Matériau/technique : papier photo SW
Dimensions : 13,1 cm x 18 cm
inventaire N° : FS_PE64313









CONFIDENCES : les traces d'un flash légendaire entre Antoine De Saint EXUPERY et Sylvia HAMILTON

 QUELQUES ECHANGES ÉPISTOLAIRES et 11 JOLIS DESSINS :



Sources : https://www.bibliorare.com/lot/225872/

1° Lettre inédite d'Antoine de Saint-Exupéry à Silvia Hamilton 

datée et signée New York, 29 avril 1942

lui annonçant son départ pour le Canada où, à l'invitation de son éditeur montréalais Bernard Valiquette, il doit animer des conférences en lien avec la publication de Pilote de guerre :

" Je ne parviens pas à vous joindre par téléphone ! Je suis brusquement obligé de prendre l'avion pour le Canada où je dois passer quarante huit heures. J'aurais voulu vous revoir ce matin, dès que je l'ai su. […] La vie est vraiment bien compliquée et je suis très en colère contre elle ".

D'autres complications attendaient pourtant Saint-Exupéry puisqu'il dut attendre plusieurs semaines la régularisation de son visa avant de regagner New York.

2°Antoine est bloqué au canada en 1942,il envoie une lettre à Sylvia

 « Chère Sylvia, Je me suis retrouvé bloqué dans ce pays dont je croyais revenir en quarante-huit heures, les amis qui m’avaient fait venir et en qui j’avais toute confiance se sont trompés dans les problèmes de passeports et de visas et voilà plus de quinze jours que j’attends d’heure en heure l’autorisation de rentrer. Ce séjour en face du téléphone et le nez contre la frontière est un véritable supplice chinois. Je suis très désespéré. Il m’est impossible de te téléphoner. Notre langue étrangère compliquerait encore les choses. [Antoine ne parle pas anglais, il échange oralement avec Silvia en mauvais allemand] Tout est déjà bien assez difficile ! On m’a juré que les formalités seraient terminées d’ici trois ou quatre jours. Je t’appellerai dès que j’aurai abordé la terre de la délivrance. Pardonne-moi mon silence : je n’ai pas le cœur à écrire. Ni le courage. Je suis tout à fait malade de subir tant d’absurdes ennuis. Crois-en ma profonde amitié. Antoine de Saint-Exupéry » 

3° Belle lettre inédite d'Antoine de Saint-Exupéry à Silvia Hamilton

Lettre signée datée  "New York, 23 septembre 1942"

d'une grande douceur nostalgique :
" J'ai vécu une journée infiniment embrouillée. Et difficile. J'avais cependant tellement besoin de silence et de paix pour prolonger en moi cette soirée d'hier qui a été comme un lac merveilleux, mais je ne sais pas très bien vivre. Le lac s'est changé en torrent. J'ai retrouvé tous les éboulis et toutes les pierres.
Cependant j'étais plein de joie et j'avais besoin de me recueillir. J'attends le silence du soir. Je me sens si reconnaissant et cela est si doux ".

Tache brune à l'angle inférieur gauche.

4°autre, et très émouvante / longue lettre d'Antoine de Saint-Exupéry à Silvia Hamilton  "New York, 1942 ?"

En grande majorité inédite.Suite à une incompréhension mutuelle et à un déjeuner manqué, une brouille s'est installée entre les deux amis et le poète, tout en s'interrogeant sur ses torts et en les reconnaissant, en vient à confesser à la fois sa profonde mélancolie et la volonté d'action qui le ronge, une volonté qu'il exprime magnifiquement en quelques mots à la fin de sa lettre…

" Tout cela est bien tendu et pénible. Si cela peut t'être agréable je veux bien te faire toutes mes excuses pour mon erreur de ce matin. J'en suis triste non tant à cause de l'erreur qui me paraît bien excusable qu'à cause du climat qu'elle a créé. J'accepte d'ailleurs d'admettre, si tu le désires, qu'elle est inexcusable. […] Maintenant, certes, j'avoue avoir beaucoup de torts. Je suis nerveux, préoccupé et irritable. Je ne suis un repos pour personne. J'ai de plus un travail fou et un état intérieur qui me le rend prodigieusement difficile. Je ne dis pas ça pour être plaint. Ni même pour être excusé. Je dis ça par fatigue. Certaines confidences ne sont que lâchetés de la fatigue. C'est pourquoi aussi je prends tous les torts. De toute façon, quoi que je fasse j'aurai des torts. Mon premier tort est de vivre à New York quand les miens sont en guerre et meurent. Même si je suis injuste, même si je suis irritable, même si je suis distrait cela ne peut guère aggraver des remords qui sont déjà tellement lourds et jouent sur ma foi essentielle. Pourquoi ne me laisse-t-on pas, à bord d'un avion de guerre, vivre une vie pure ? ".

5° ravissante lettre inédite d'Antoine de Saint-Exupéry à Silvia Hamilton dans laquelle il évoque ses dessins :  "New York, 1942-1943 ?"

" Chère Sylvia, je suis mélancolique alors j'ai dessiné de petits dessins mélancoliques. […] Pardonne-moi d'être insupportable. Pardonne-moi de te peiner. Pardonne-moi d'être silencieux. Pardonne-moi d'être comme je suis. Ça ne m'empêche pas d'être bien tendre et de t'embrasser si fort ".
Taches brunes dans les marges supérieure et inférieure.

Provenance de ces lettres :
•Silvia Hamilton-Reinhardt (vente à Paris, le 20 mai 1976, n° 50) Resté depuis dans la même collection - 

New York, été-automne 194211 dessins originaux donnés à Sylvia HAMILTON :


descriptifs :

Exceptionnelle suite de 11 dessins originaux d'Antoine de Saint-Exupéry, constituant indéniablement une première ébauche de l'illustration du Petit Prince.

Tous ces dessins, tracés sur des feuilles de papier pelure Esleeck Fidelity Onion Skin, sont légendés par Saint-Exupéry et neuf d'entre eux sont numérotés :

• " 0/ Ça c'est avant la vie " (le Petit Prince, portant un nœud papillon, sur un astéroïde au sol desséché au milieu des étoiles et face à un soleil irradiant ; il tient dans la main droite une ficelle retenant un ballon gonflé) ;
• " I Ça c'est les premiers pas dans la vie. " (le Petit Prince, portant un nœud papillon, debout dans l'herbe face à un château aux tours crénelées ; il a à sa droite une fleur à longue tige) ; - " IIbis Ça c'est la douceur des premières illusions. " (le Petit Prince, portant une écharpe, flânant sur un sentier passant entre deux champs fleuris, sur fond de collines sous un soleil irradiant et des nuages) ;
• " III Ça c'est les premières difficultés dans la vie. " (un personnage à cheveux longs, portant un nœud papillon et un pardessus, seul au milieu d'un paysage de montagnes acérées, sous un croissant de lune, et disant : " J'ai dû me perdre. Je ne retrouve plus mon lit ! ") ;
• " IIIbis Ça c'est les premiers projets d'avenir " (le Petit Prince, portant une écharpe, perché sur un sommet pointu dans un paysage de montagnes, avec au fond un soleil irradiant, disparaissant à l'horizon) ;
• " IV Ça c'est les déceptions dans la vie. " (un personnage portant un nœud papillon, seul au milieu d'un paysage désertique contemplant des cactus, des pierres et des os, avec au fond un soleil irradiant, disparaissant à l'horizon ; rehauts de crayon noir) ;
• " V Ça c'est la vie (très résumée) " (le Petit Prince seul au milieu de montagnes pointues, sous un croissant de lune, avec à ses pieds un précipice d'où jailli la gueule dentée d'un gros reptile ; une flèche désigne le Petit Prince avec la mention " Ça c'est moi. " ; le chiffre V remplace le chiffre IV biffé) ;
• " Vbis La vie aussi. " (scène analogue à la précédente, le Petit Prince sortant d'une faille au bord d'un précipice, sans le reptile) ;
• " VI Ça c'est la sagesse. " (un personnage au visage un peu grotesque, attablé devant un verre, au milieu d'un parterre de fleurs, avec dans le fond, à gauche, un sommet pointu et un soleil irradiant) ;
• " Ça c'est quelqu'un qui boude. " (un personnage portant une écharpe, le visage renfrogné, adossé à un sommet pointu face à un paysage de montagnes avec au fond un soleil irradiant) ; - " Personne… j'ai dû me tromper de rendez-vous ! " (un personnage en habit populaire, perché sur un sommet pointu, dans un paysage de montagnes ; derrière lui, un petit personnage rappelant le Petit Prince lui-même perché sur un pic rocheux, semblant faire de grands signes au personnage principal).

On trouve entre ces dessins et l'illustration définitive du conte, des similitudes vestimentaires (nœud papillon, écharpe, etc.) et dans la gestuelle et les attitudes du Petit Prince, des ressemblances frappantes dans les paysages (montagnes acérées, dunes, étoiles, soleils irradiants, fleurs, etc.) et plusieurs correspondances remarquables, par exemple :

le dessin 0 très proche de l'illustration de la p. 15 de l'édition originale ;
le personnage ayant perdu son lit évoquant l'allumeur de réverbères ;
le dessin IIIbis très proche de l'illustration de la p. 63, tout comme le IV de celle de la p. 55 avec l'os et le cactus ;
la composition du dessin V correspondant à celle de l'illustration de la p. 83 qui représente le Petit Prince coincé en haut d'un mur au pied duquel se dresse un serpent ;
le buveur du dessin VI et celui du conte étrangement similaires, par leur physique, leur habillement et leur attitude ; etc.

Ces dessins sont à rapprocher de ceux que Silvia Hamilton-Reinhardt céda à la Morgan Library en 1968 - eux-mêmes sans doute postérieurs aux nôtres parce qu'ils semblent plus aboutis et, pour certains, déjà aquarellés. Ils sont restés inédits jusqu'à ce jour à l'exception d'un seul, le I, qui fut reproduit à trois reprises (en couverture du catalogue de la vente Silvia Hamilton-Reinhardt du 20 mai 1976 et, d'après cette reproduction, dans le catalogue de Delphine Lacroix, Antoine de Saint-Exupéry.

Dessins : aquarelles, pastels, plumes et crayons, p. 321 et sur la contre-garde et la garde finales).

Cette suite constitue certainement le seul ensemble encore en mains privées de dessins préparatoires à l'illustration du Petit Prince, œuvre littéraire et graphique universelle…
Quelques légères brunissures.

Deux taches brunes angulaires plus marquées.
Papier légèrement froncé avec pli central un peu marqué.

Provenance :
•Silvia Hamilton-Reinhardt (vente à Paris, le 20 mai 1976, n° 59) Resté depuis dans la même collection
 
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Deux souvenirs confiés par Sylvia HAMILTON à la revue ICARE en 1975 :

« J’avoue que j’étais impatiente de rencontrer l’auteur d’un livre si beau et si poétique. Naturellement, je ne l’avais jamais imaginé physiquement, mais je n’ai pas été déçue. Il ressemblait à un bon gros ours merveilleux et il était timide et bourru. […] Le cercle des cafés littéraires et des cocktails-parties, grâce auxquels nous fîmes connaissance, était son univers. […] Il ne brûlait pas seulement de revoir son pays. Il brûlait de mettre à son service les compétences supérieures qu’il savait être les siennes. […] Bien sûr, il y avait la France Libre. Mais il n’était pas Gaulliste. Il n’était pas pragmatiste et n’acceptait de subordonner à personne ses idéaux. Dans la colonie des Français émigrés à New York, il resta jusqu’au bout un personnage isolé et pas très apprécié. »
 
Souvenirs de Silvia Hamilton, Icare, n°84, 1978 

 Evocation des adieux de fin avril 43 :

Nous insistons sur cette rencontre, tant la relation entre Antoine et Silvia fut déterminante pour Saint-Exupéry.
 
« […] Quand nous nous sommes rencontrés il m’a raconté l’histoire du Petit Prince qu’il n’avait pas encore commencé d’écrire. Comme il faisait constamment de merveilleux croquis, je lui suggérai d’illustrer lui-même ce livre. […] Au printemps 1943, il réussit enfin à rejoindre l’Afrique du Nord. Les conditions qu’il y trouva le rendirent malheureux, ce que décrivent particulièrement bien les deux dernières lettres qu’il m’adressa. […] Le jour de son départ approchait (pour l’Afrique du Nord, avril 1943). Je lui fis faire un bracelet d’identité en or. […] Je le lui donnai le matin où il vint me faire ses adieux. En partant il me dit : « Je voudrais te donner quelque chose de splendide, mais c’est tout ce que j’ai. » Il me mit dans les mains son vieil appareil Zeiss Ikon et le manuscrit français du Petit Prince. » 

Souvenirs de Silvia Hamilton, Icare, n°84, 1978 

Photo de Sylvia prise très probablement durant l'été 1942 par Antoine De Saint EXUPERY :  


origine inconnue